La fable
Par son étymologie, fabula en latin, le
mot « fable » possède des sens diversifiés : récit oral et
plaisant, propos relevant de la conversation, apologue terminé par une
moralité.
Ainsi se révèlent certaines caractéristiques
d’un genre qui remonte à l’Antiquité et dont les fonctions englobent le
divertissement, l’enseignement, la réflexion et la critique.
Ses origines :
On considère que la création de la fable
remonte à l’écrivain grec Esope (VI ème siècle avant J.-C.). Cet esclave doté
d’un esprit acéré avait pris l’habitude de transcrire de petits récits terminés
par une réflexion morale les relations qu’il avait avec son maître. Plus tard,
Phèdre (Ier siècle avant J.-C.) reprend en latin, la même inspiration pour
construire de petites fables.
Au XVIème siècle, l’italien Abstemius
s’inscrit dans cette lignée. Parallèlement, la littérature orientale offre de
nombreux exemples de petits récits moralisateurs. Ceux de l’indien Pilpay sont
traduits en 1644. La Fontaine dispose donc de sources différentes.
Ses caractéristiques :
La
fable est un texte en vers
le plus souvent, en général bref, de forme narrative, mettant en scène des êtres
humains ou des animaux.
-Un texte narratif : la fable est un
récit. Ce caractère se perçoit à l’existence d’une succession d’actions, de
situations ou de faits, à une évolution spatio-temporelle (souvent marquée par
des articulations chronologiques), au passage d’un état initial à un état
final. Les temps verbaux, imparfait, passé simple sont ceux du récit. Le
présent intervient pour actualiser la situation ou la généraliser.
-Les personnages humains : Ils
appartiennent à des catégories dont ils représentent l’exemple- type : un
jardinier, un seigneur, deux amis, une veuve, un sage, un berger... Facilement
reconnaissables, ils sont les porte-parole d’une condition qui entretient avec
son environnement humain des relations souvent conflictuelles ou insolites. Ils
sont également représentatifs de l’époque (référence à la cour chez La
Fontaine).
-Les animaux : ils sont
traditionnellement les personnages des fables. Chargés d’une signification
symbolique, ils permettent un phénomène de transposition des comportements et
des caractères. La cruauté est représentée par le loup, la ruse par le renard,
la puissance par le lion, l’innocence par l’agneau. La loi naturelle, présentée
souvent comme une loi de la jungle, constitue la référence pour décrypter le
monde humain.
-Les thèmes : ils sont aussi diversifiés
que ceux de la vie sociale ou de la vie politique. On trouve les rapports de
pouvoir, les conflits familiaux, entre voisins, les rivalités petites et
grandes. Solitude, vieillesse, relations parents/enfants, différentes manières
de prendre la vie, rapports de l’homme avec la nature, tout est bon pour le
fabuliste qui tire de cette multiplicité d’anecdotes une morale souvent
pessimiste.
Fonctions de la fable
Le divertissement
Récit court, interrompu de dialogues au style
direct ou indirect libre, la fable tire son charme d’une concision qui en
quelques mots crée un monde d’images et de situations concrètes. Le rythme est
donné par les vers de longueur différente, par les articulations logiques
et chronologiques. Les mésaventures des animaux font rire ou sourire. La mise à
distance est suffisante pour éloigner les similitudes trop douloureuses. Le
lecteur de la fable est spectateur d’une scène qui le concerne, mais dans
laquelle il ne se sent pas réellement impliqué.
L’enseignement
Généralement, la fable comporte une moralité
qui ouvre ou ferme le récit. Les vérités énoncées dressent une sorte de bilan
de la nature humaine et des fonctionnements sociaux.
On trouve aussi des préceptes de sagesse et
des recommandations diverses.
On peut considérer enfin que la fable permet
un discours critique à l’abri de la censure. Elle dénonce à travers la mise en
scène les dysfonctionnements sociaux, politiques et les abus.
Selon Jean de La Fontaine, Le récit est « le corps » de la
fable. La morale en est « l’âme ».